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VIEUX QUÉBEC, AUTOMNE 2010 |
"J'étais assise au volant de son camion bruyant, j'étais seule à une intersection, j'ai reculé pour laisser passé un véhicule qui s'en venait en sens inverse. Derrière moi il y avait cet immense ravin, l'auto à basculé. Dans ma chute, j'ai ressentis mon coeur se soulever, comme dans un manège. Au début de ma chute, je me souviens clairement avoir ressentis de la peur, puis, après un moment, je me suis vu sourire. Sourire en sachant qu'à cette hauteur, je ne souffrirais pas, que je mourrais sur le coup. Et puis, un fondue blanc. Des ambulances, mon cadavre dans un sac de plastique bleue, des êtres chers, moi, contemplant sans expression ce qui devait être une scène tragique. J'ai vu les gens auxquels je tiens, leur réaction en apprenant mon décès. J'ai vu mon amour passé couché sur un canapé, le regard vide d'incompréhension, les yeux vitreux. Je me suis vu moi, lui caresser les cheveux et lui dire que c'était mieux comme ça, lui sourire, même en sachant que c'était inutile. Ensuite, plus rien.
Je me suis vu marchant dans une foule où seule une femme a posé son regard sur moi. Je l'ai dévisagé à mon tour, lui demandant pourquoi elle me voyait, qu'elle n'était pas censé pouvoir me voir, que j'étais décédé dans un accident. Elle détourna ses yeux de moi et se mêla à la foule."
En me réveillant dans la chambre de l'auberge, je ne m'étais jamais sentie aussi bouleversé. J'ai pleuré sans savoir pourquoi. J'ai pleuré en repensant à ce sourire, celui que je fis dans mon rêve en sachant que j'allais mourir. Si sereine, devant la mort. Je lui ai dis que je voulais quitter la chambre. Toute la journée durant, j'ai cherché à l'interpretter. C'était la première fois que je me voyais vraiment mourir dans un rêve. J'ai trouvé, dans un livre, une interprétation qui pourrait s'avérer vrai... La voici:
" Dans la vie onirique, nous mourons parfois physiquement; c'est l'annonce que l'âme se détache soit d'une manière de penser, de vivre, d'aimer, de travailler. [...] Mourir, c'est redécouvrir une nouvelle façon de vivre, d'aimer. Mourir, c'est parfois se détacher, c'est parfois renaître. [...] Mourir, c'est une fois de plus jeter par terre un voile obstruant la lumière. " LE RÊVE ET SES SYMBOLS, MARIE COUPAL, ÉDITIONS DE MORTAGNE
Ma tête... Qu'essais-tu de me dire...?