4.26.2012

UNE ÉTAPE À LA FOIS



Je me suis rendue compte que si j'écrivais autant, c'était surtout pour tuer le temps, plus que pour partager une idée. Une pierre deux coups, qu'ils disent. Y'a mon portable sur mes genoux, je suis nue, couché depuis quelques heures déjà. Je ne crois pas avoir pris la peine de m'habiller aujourd'hui, c'est comme si mes vêtements m'étouffaient. Ou alors c'est peut-être seulement de la paresse. Peu importe, je suis bien, comme ça, sans seconde peau.

C'est sans seconde peau également que j'ai élaborer des rêves, encore plus, un plan B. Plan B... Enfin bref, j'ai élaboré le tout en ayant conscience que c'était un peu tirer par les cheveux, mais ça m'a fait me sentir bien, quelques instants. J'aurais envie d'aller étudier le journalisme en Nouvelle-Zélande, faire des photoshoots de tout ce que je verrais, entretenir un blog journalier sur les endroits où j'aime aller ou alors là où on m'enverrait. Écrire pour des magazines, des revues, de journeaux, en faire un métier. J'aimerais ça, je crois, j'arrêterais enfin d'écrire pour passer le temps. Je prendrais des clichés, je ferais de la photo, comme j'adorais le faire il y a pas si longtemps. Dans mes temps libre, je ferais de la peinture. J'exposerais peut-être localement, je ferais des rencontres extraordinaires. J'irai en Écosse voir les châteaux, apprendre à parler gaélique, language qui disparait lentement, rouler mes R à l'écossaise. Mes cheveux auront poussé juste en dessous des seins, ma peau aura fière allure. Je serai belle et épanouie. C'est comme ça que je vois ma vie, dans pas si loin. Je serai loin des grandes villes, j'acheterai une petite maison en campagne et je jouerai encore de la guitare, mais sur ma galerie, cette fois. J'aurais aussi un piano, un vrai, car j'aurais suivi des cours comme j'en rêve depuis longtemps. Je serais agent de bord à temps partiel durant mes études en journalisme à l'université, pendant mes congés lorsque je ne serais pas en train de rédiger des dissertations j'irai parcourir le monde le temps d'un week-end. Aujourd'hui, c'est de tout ça don ma tête était remplie. Il y a un an déjà, je me disais quelque chose de semblable, assise sur une plage de la Colombie-Britannique. C'était un rêve que j'ai concrétisé. Il manque juste une étape avant que tout se mette en branle... une toute petite étape. 

Peut-être que je devrais m'habiller, avant.

4.21.2012

PRINTEMPS SANS VERDURE

Il y avait du soleil, beaucoup de soleil, mais un vent à s'emmitoufler sous dix tonnes de couvertures. Ça ne nous a pas empêcher de se jeter dans l'herbe, joue contre joue. Ça ne nous a pas empêcher de fermer les yeux et de respirer, enfin. Il a pleuré, alors j'ai pleuré aussi, des larmes de joies. J'ai souris, alors il a sourit aussi, un sourire triste.
Un sourire qui sait que ça ne durera pas. 

Il a dit tout haut qu'il était bien, j'ai pensé tout haut, moi aussi. J'étais bien. Heureuse en ne me rappellant pas la dernière fois ou je le fus autant. Sa joue était chaude contre la mienne, chaude comme les larmes salés que je partageais avec lui. Ses cheveux me chatouillaient le visage, le soleil m'aveuglait quand j'ouvrais les yeux. Le vent me faisait frisonner, ou était-ce autre chose? J'étais trop heureuse pour avoir froid.

J'étais trop heureuse.


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4.03.2012

LES BOÎTES


Il y avait quelques rangées de boîtes enfouies les unes sur les autres sans grande attention. Un bazard dans une chambre trop petite, un amas de trucs personnels que seule la personne concernée pouvait trouvé utiles. Un livre des finissants, des CD de musique choisies avec précautions, des touts récents et d'autres qui laissèrent imaginer les goûts douteux de la jeunesse. Une vieille couverture à fleur au couleur pastel qui dégageait une odeur bien particulière, celle de draps rangés depuis un temps dans une armoire, tout près des détergents à lessive, des amouples électriques et autres babioles, mélangé à une odeur de carton. Je touchai le tissu usé et infiniment doux, serrai les doigts autour de l'étoffe. En continuant mon exploration, je trouvai également de vieux bijoux, un coffret en bois qui sentait l'encens, de vieilles cartes de fêtes, une boîte remplie d'objet divers, tel que des cordons de chaussures, des clous, des boutons et... deux sellières à l'effigie de 2 petits cochons. 
"Je les collectionnais, avant. J'aimerais te donner ceci pour que tu aies quelque chose qui te fasse penser à moi." 
Si elle savait comme elle n'avait pas besoin de me donner quoi que ce soit, mon souvenir d'elle restera intacte pour toujours, mais je me souvins sourire en les prenant dans mes mains. Je me rappellai alors vaguement sa cuisine, avant. Il y avait un miroir juste au-dessus de son évier et à droite de celui-ci, une toute petite tablette fixée au coin sur lequel trônait un bibelot de petit cochon dans une maisonnette. Lorsque je faisais la vaisselle, je le tournais toujours de sorte que son arrière-train fut en premier plan. Dans ma tête, personne ne semblait le remarquer, ça me faisait rire encore plus. Chaque fois que j'y retournais et faisais la vaisselle, je remarquai que quelqu'un avait pris la peine de le replacer. Donc, comme une habitude, une tradition... Je le retournai, encore et encore.

Jusqu'à ce qu'un jour, il n'y ait plus de petit cochon dans la maisonnette. Et mes visites chez elle s'espacèrent, les semaines devenant des mois, les mois devenant plusieurs mois. Elle me manque. Même en l'a voyant, elle me manque. C'est que je sais profondément que l'on ne se reverra jamais plus de la même façon.

Je continuai mes fouilles avec un pincement au coeur, un petit souvenir refaisant surface à chaque objet soulevé. J'étais heureuse de savoir que je ne trouverai rien de lui, ayant pris la précaution de mettre le tout dans une boîte différente. Je trouvai un album photo qui me fit flotter un moment. Les gens n'ont plus ça, des albums photos. Tout est numérique et si ils ont des photographies à montrer, ce sont sur facebook ou quoi encore. Un léger parfum de colle et d'encre venait me chatouiller les narines à chaques pages que je tournai. Je revis mon frère sa femme et ma petite nièce, des photos de leurs mariages, des amis chers que je ne vois plus très souvent, un ancien amant... et lui. 

Il y avait longtemps de cela, nous étions accompagné de son ami Math, il avait encore les cheveux longs. Comme des gamins se souciant très peu du danger, ils avaient descendu le boulevard Laurier en direction du pont Bouchard sur leur planche. En théorie, il n'y avait probablement rien de dangereux là dans mais l'idée d'aller à une vitesse relativement élevé près d'un boulevard sur quelque chose d'aussi instable qu'une planche ne me fit pas totalement plaisir. Je courru quand même derrière eux, le sourire aux lèvres. Je pris un cliché de lui, sous le pont de chemin de fer. Il n'a jamais aimé cette photo mais moi, je le trouvais beau à mourir. Je refermai l'album photo doucement.




J'arrêtai d'ouvrir les boîtes, de déplacer les objets précieux. J'arrêtai en me disant que chaques choses me ramenaient inmanquablement dans le passé. Même délicieux, je ne voulais pas m'en souvenir, pour l'instant. Pas tant que je le détesterais. Ma jeunesse lui appartenait, que je le veuilles ou non. Ma jeunesse et une partie de ma vie. Même en le détestant, je ne pouvais nier ce fait. Résignée, je quittai la pièce. Tout le monde m'avait dit de ne pas dépenser autant d'argent pour ramener ces boîtes au bercail. Mais tout l'or du monde ne m'aurait ramené ces precieux témoins de ce qu'avait déjà été ma vie. Je suis heureuse de l'avoir fait. Il n'y a pas si longtemps et pourtant... 
Je sortis de la pièce et fermai la porte sans même regarder derrière moi.