J'entrouvis les yeux, entendis le bruit de la ville déjà éveillée, la pluie tombante et le son des roues sur les rues trempées. Je m'étais endormis au son de sa respiration et l'écho de la voix de Bernard Adamus encore dans mes oreilles. Je sentis sa présence au réveil; Sentiment lointain mais familier, rassurant. Incapable de me rendormir, je sortis de la chambre 323 en direction du Blendz au coin de la rue, il était 6h37.
Avant de sortir de la chambre, j'attrapai l'un de ses livres au hasard; Demian, de Hermann Hesse. Les premiers mots me touchèrent instantanément.
"Je ne voulais que vivre ce qui voulait spontanément surgir de moi. Pourquoi était-ce si difficile?"
Une vague d'amertume m'envahie. Cette phrase à elle seule aurait pu résumer toute une vie ou expliquer, en outre, pourquoi tant de gens sont malheureux. Dehors, la brise fraîche et la pluie me firent un bien fou, atténuant momentané cette fièvre qui me brûlait le front et les tempes. À destination, je commandai un mocha au chocolat noir et allai m'assoire dans l'une des chaises hautes faisant face aux baies vitrées. Je commençai ma lecture tout doucement. En parcourant les premières lignes, une seule chose me revenait en tête; "Comment peux-tu déjà dire "je t'aime" au passé. Est-ce si facile pour toi?" J'avais lu, à reculons mais non sans émotions, son courriel. Il est si facile d'ignorer la vérité quand tant de kilomètres nous en sépare. Mais aujourd'hui je vais devoir retourner là-bas, auprès d'elle et de lui que je ne veux pas voir. Perdue dans mes pensées, je me souvins subitement du livre que je tenais et de l'endroit où je me trouvais. L'ambiance du café me parrue tout à coup oppressante. Je sortis et souris au contacte de l'eau tombant sur mon visage.
En entrant dans l'auberge je fus immédiatement soulagée, réconfortée par le calme matinale des gens tout juste réveillé mais aussi par l'odeur qui s'y dégageait, celle des rôties et du café. Du bout du doigt, je caressai en marchant les murs des couloirs entre lesquelles s'était passé tant d'histoires. Je me sentis comme à la maison. Je me remémorai l'odeur des draps fraîchement lavé, les étreintes pleine de tendresse de ma mère, les rires partagés avec mes frères... J'entrai dans la chambre et me sentant inspirée, pris mon petit carnet noir et mon stylo-plume.
Merci, Tesoro.
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